Le 17 mai dernier, Frederick Wiseman nous présentait Law and Order, un documentaire sur le quotidien de la police de Kansas City notamment la violence exacerbée des interventions. Le choix de la ville n'est d'ailleurs pas anodin puisque le documentaire devait originellement être tourné à Los Angeles, mais la police n'autorisa pas le réalisateur à accompagner les forces de l'ordre au sein même de leur véhicule.
Si Frederick Wiseman présente le film comme montrant la nécessité de l'existence de la police tout en montrant qu'elle exerce souvent par-delà le cadre de la loi, nous sommes en droit d'en douter. En effet, durant la totalité du documentaire, la police est montrée comme nécessaire à seulement trois reprises: une première fois, lorsqu'un policier ramène à la raison un homme dont la fille a été attouchée de faire justice soit même puis lorsqu'un policier aide une retraitée à retrouver son sac après un vol et lorsqu'une petite fille est perdue et que des officiers se chargent d'elle en jouant à des jeux.
Du reste, Wiseman nous montre une police plus violente que ceux qu'elles arrête: "Tu parles pas, tu cognes" lance Howard, un jeune délinquant afro-américain avant d'être passé à tabac par deux officiers alors qu'il n'opposait qu'une résistance verbale.
De plus, nous pouvons observer que la police de Kansas City est hors la loi: deux policiers étranglent une femme qui a accusé d'agression sexuelle l'un de leurs collègues qui a tenté de la violer sous prétexte qu'il s'agit d'une prostituée.
Enfin, la police nous est montrée comme cruelle et raciste, des policiers pratiquent des délits de faciès sur les populations afro-américaines puis plusieurs policiers affirment n'avoir aucun problème pour "descendre" qui que ce soit et ricanent du fait d'avoir roué de coups un délinquant mineur.
À la vue de tous ceci, il nous paraît alors difficile d'être en adéquation avec le point de vue du réalisateur. Bien que la police puisse être utile, ce documentaire montre bien davantage la part d'ombre et l'abus de pouvoir des forces de l'ordre. La restauration de ce documentaire majeur paraît alors un moment opportun, en pleine vague ACAB, quelques années après des événements comme l'affaire George Floyd qui avait encore une fois questionné l'usage des forces de l'ordre aux États-Unis.
Martin Aleyrangues
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