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Il était une fois Michel Legrand : Le cinéma raconté et non montré

Dernière mise à jour : 27 mai

Les Parapluies de Cherbourg, L'Affaire Thomas Crown, Les Demoiselles de Rochefort, Yentl, Peau d'âne. Si vous pensez que la plupart de ces films n'ont rien en commun vous vous trompez. Car s'il y a bien une chose qui rapproche tous ces films c'est bel et bien leur musique. Chacun de ces films possède des compositions, des partitions, toutes plus sublimes les unes que les autres. Mais alors qui peut bien être derrière tout cela ? Derrière toutes ces musiques ? L'homme, le génie, aux 3 oscars : Michel Legrand. Et quoi de mieux pour lui rendre hommage, presque 6 ans après qu'il nous ait quitté, qu'un documentaire en son honneur. Le réalisateur David Hertzog Dessites releva le défi de réaliser ce documentaire sur le grand Michel Legrand. Une figure historique de la musique et du cinéma. Mais malgré une personne aussi intéressante et passionnée, le documentaire n’arrive jamais à transmettre cela.


Le documentaire ne donne pas l’impression de vouloir délivrer un message. Un documentaire présente une histoire, un événement, un personnage par ses images réelles tout en nous délivrant une morale par celles-ci. Mais ici nous avons du mal à capter le réel message du film. Nous avons plus l’impression d’assister au génie inné et à la montée intense d’un artiste. Il pourrait être le témoignage d'une personne, d'une époque, mais le réalisateur David Hertzog Dessites bloque à certains moments la parole de Michel Legrand au profit de la sienne et de ses invités dans un trip égocentrique. La voix off ainsi que les invités du documentaire prennent une trop grande place. Tout d’abord les invités sont bien trop nombreux et souvent rajoutés pour le style. La plupart n’ont même pas de réel lien avec Michel Legrand mis à part de l’admiration. La présence de Sting est-t-elle réellement pertinente ? Tous ces témoignages à rallonge ne font qu’étendre la durée du documentaire qui se fait de plus en plus ressentir. Ces derniers donnent l’impression de surinterpréter la vie de Michel Legrand même quand ceux-ci n’y ont, pour certains, aucunement participé. La voix du réalisateur elle-même prend de plus en plus de place dans le long métrage. Au départ elle nous présente la narration, la carrière du musicien, mais part très vite dans un délire presque égocentrique à montrer et afficher toute l’admiration qu’il porte pour cet artiste qu’il aime tant comme s'il s’agissait d’un concours. Sa voix stoppant même certaines très belles scènes de musiques, coupant le rythme du film.


On pouvait s’y attendre en prêtant attention au titre « Il était une fois Michel Legrand » présentant dès le départ cette idée d’un conte raconté. Mais il s’agit d’un film et celui-ci ne se doit pas d’être dit mais d’être filmé et montré. David Hertzog Dessites tente parfois de dynamiser son long métrage par des idées de mise en scène intéressantes comme un court passage en animation au milieu de celui-ci lorsqu’il traite de la dépression de Michel Legrand. Mais cette courte animation est la seule du film et donne l’impression de n’être là que pour faire jolie, sans grand intérêt. L’animation n’étant pas non plus très recherchée. La question de la dépression de Michel Legrand est d’ailleurs complètement mise en second plan. Amenée d’un coup, sans étape de préparation, et complètement oubliée quelques minutes plus tard. Une étape aussi importante de sa carrière et presque zappée, donnant l’impression que Dessites s’est forcé à l’intégrer.


Se bloquant soi-même à travers un montage simpliste, le film souffre d’une monotonie de son image. Ne cherchant jamais à innover celle-ci et restant dans sa forme simpliste de « interview - image d’archive - JPEG ».Une structure qui ne se respecte pas elle même. Nous transportant au départ dans des images d’archives du dernier concert de Michel Legrand avant de nous faire voyager dans ses débuts de carrière. Mais plus le film avance et plus sa chronologie se disloque nous faisant passer du présent au passé mais dans un ordre non cohérent chronologiquement. Nous, spectateurs, finissons par nous perdre dans la manière de comprendre l’histoire de cet artiste. Le documentaire reste néanmoins une parfaite porte d’entrée à l’immense univers de Michel Legrand. S’attardant même sur certains points méconnus de sa carrière comme sa composition du dernier film d'Orson Welles De l'autre côté du vent, que le cinéaste considère comme sa dernière pièce maîtresse. Avant de nous quitter sur un dernier concert, sur une dernière sonate, les dernières notes d'une vie.



-Léo Delafontaine


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